Kabila, 15 ans de pouvoir faut-il en rire ou en pleurer !

9 mars 2016

Kabila, 15 ans de pouvoir faut-il en rire ou en pleurer !

En principe, 2016 devrait être une année paisible pour Joseph Kabila Kabange. Mais, le Raïs aura dur à faire pour colmater les brèches des dégâts causés par sa famille politique.Absence de stratégies, manque d’anticipation, jusqu’au boutisme aveugle … sont là quelques-unes de nombreuses « fautes » commises par la Majorité présidentielle ces deux dernières années. Elles sont susceptibles d’annihiler les hauts faits d’armes engrangés par le fils à M’zee depuis sa prise de pouvoir en janvier 2001. Face au bilan de son règne, Joseph Kabila risque de paraître comme un homme bien seul.

Arrivé au pouvoir !

Le 16 Janvier 2001, Laurent Désiré Kabila, meurt assassiné, le pays n’a pas de constitution, l’exercice du pouvoir était consacré par le décret loi n°003 du 27 Mai 1997, un texte qui avait instaurait une véritable autocratie, comprenant quatre chapitres  subdiviser en quinze articles de toute évidence, ils manquaient une cohérence entre eux et aucun article ne prévoyez le cas de succession.

Lorsqu’il arrive au pouvoir à la suite de l’assassinat de son père, le jeune président congolais éloigne des courtisans et promeut beaucoup de technocrates même s’il garde quelques politiques corrompus.

Le pays est en guerre, guerre dite d’agression, divisé en trois administrations : l’Ouest est dirigé par JP Bemba avec le MLC sous le contrôle de l’Uganda, l’Est occupé par Ruberwa avec le RCD-Goma sous l’égide du Rwanda et le reste du Congo avec le gouvernement national. C’est un pays divisé qu’hérite ce jeune homme de 29 ans sans aucunes expérience politique, il venait tout de même de l’armé. Mais Joseph Kabila va allier un dosage politique et sociologique subtil à un dialogue intercongolais qui réussit à dépouiller les agresseurs rwandais et ougandais ainsi que les différentes rébellions de tous les prétextes dont ils enrobaient et ennoblissaient leurs actions. Au prix d’incroyables concessions, le Raïs a accepté les résolutions du dialogue inter congolais, notamment le partage de son pouvoir avec 4 vice-présidents de la République dans une transition de 2003 à 2006. Un acte d’humilité qui sera salué dans l’histoire politique de la RDC. Le chef de l’État va réussir une transition politique complexe et sensible qui a débouché sur deux élections présidentielles et législatives. Une première dans ce pays même si le déroulement de ces consultations ont été entachées de fraudes aussi grotesques qu’inutiles.

Ses promesses !

Dans son allocution d’investiture, le 26 janvier 2001, le nouveau président formule plusieurs promesses sous forme d’engagements : faire toute la lumière sur l’assassinat de LD Kabila ; pacifier et réunifier le pays ; renforcer l’Etat de droit ; instaurer la paix et consolider la communion nationale ; promouvoir les droits de l’Homme et la sécurité des personnes et des biens ; promouvoir la production ; doter le pays d’une armée et d’une police fortes, modernes, bien équipées et lancer la reconstruction.

Lors de la présidentielle de 2006, «Joseph Kabila» a battu campagne sous le thème Artisan de la paix. Le président-candidat a commencé par publier une centaine de propositions intitulée «Ma vision pour le Congo». L’éradication de la pauvreté par la création d’emplois, l’accès à l’habitat, l’amélioration progressive d’accès de la population à l’énergie électrique et à l’eau potable. Sans oublier la lutte contre la corruption. En novembre 2006, le président élu évoque pour la première fois les cinq chantiers urgents qu’il a identifiés. Quels sont ces chantiers? Les infrastructures, l’emploi, l’éducation, l’eau et l’électricité et la santé. Pour moi, le Congo c’est la Chine de demain : d’ici 2011. Le Congo va surprendre, car il se redressera beaucoup plus vite que prévu, confiait-il au quotidien belge «Le Soir » daté 16 novembre 2006.

Quelles sont les réalisations réellement accomplies? La qualité de la vie de la population a-t-elle changée ? Qu’en est-il de la sécurité des personnes et des biens ?

Selon les partisans du président sortant, celui-ci a pacifié et réunifié le pays. Ils ajoutent : la reconstruction est en marche. En mai 2009, Joseph Kabila, présenté en père de la reconstruction par «Le Soir » reconnaissait cependant que le chemin à parcourir est encore très long, mais l’essentiel est d’avoir commencé….

Du retrait des troupes d’agression du territoire national. Objectif difficilement réalisable que Joseph Kabila a pu atteindre non sans sueur.

De la lutte contre la corruption incarnée par les Mobutistes. Joseph Kabila, faisant face à des jongleurs en politique, a raté cet objectif capital. Il n’a pas réussi cet objectif.

Comme on dit, à coucher dans la porcherie, on se salit. Le régime Kabila se trouve noyé, plongé dans le bourbier de la corruption. Il n’y a qu’à voir combien les billets circulent lors du différent vote capital au parlement.Malheureusement, Kabila s’est fait entourer des personnes incarnant un système qui a ruiné le pays.

La protection des droits et libertés ? C’est une catastrophe. Sans faire preuve de cynisme, on peut dire que le président sortant s’est comporté en véritable prédateur des droits humains sous prétexte de rétablir l’autorité de l’Etat : arrestations et détentions arbitraires, exécutions extrajudiciaires (l’assassinat du journaliste Franck Ngycke et son épouse, le double massacre des adeptes du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo, l’assassinat du défenseur des droits humains Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana, la mort d’Amand Tungulu dans un cachot de la garde présidentielle etc.). Joseph Kabila avait conçu un véritable projet fondé sur la violence d’Etat : Pour redresser le Congo, il faut être sévère et les Congolais vont être surpris, déclarait-il au quotidien Le Soir daté du 16 novembre 2006.Bien plus, l’Est du pays est surnommé, à tort ou à raison, la capitale de violence sexuelle le ventre mou de la région des Grands Lacs.
Bref, comme pour la lutte contre la corruption, il y a échec dans ce domaine.

Sur le plan économique, c’est la stagnation. Le pays ne produit quasiment rien. Il importe tout renforçant ainsi sa dépendance. Les ressources minières du pays sont pillées (la Gécamines dépiécé au bénéfice des particuliers) ou bradées.

En 2011, Comme à son habitude, il s’est répandu en promesses au point de repromettre ce qu’il avait déjà annoncé lors de la présidentielle de 2006.C’est ainsi qu’il va promettre dans plusieurs coins du pays, la construction de stade moderne considérant ainsi que la construction de stade était une priorité pendant que le peuple peine à avoir accès aux services sociaux de base : eau courante, électricité, santé, transport aérien et ferroviaire. Crissement après être élu c’est un bond que nous oblige à faire Joseph Kabila, de cinq chantiers non terminé à la révolution de la modernité.

En 2013 près d’un mois seulement après la dislocation du M23, Joseph Kabila a entamé une tourné dans l’Est du Congo. C’est sur une route que le Président congolais va devoir affronter son premier adversaire de taille.

Ainsi le candidat des 5 chantiers  a dû faire face à un adversaire inattendu : la nature. Quelques temps seulement après avoir quitté Kisangani, le cortège présidentiel s’est retrouvé empêtré dans une route atrocement boueuse et en état de délabrement avancé. Le Président est obligé de descendre pendant que l’ensemble de sa délégation se découvre un nouveau métier : cantonniers. Tout le monde s’emploie, pour ainsi dire, à mettre la main à la pâte.

Eh oui. Un cauchemar routier qui rappelle de façon brutale au candidat de 2006 qu’il n’a pas dû tenir sa promesse des 5 chantiers. En effet, des routes principales, comme la National 4, devaient être asphaltées, ou tout au moins régulièrement entretenues.

Le chef de l'Etat pataugeant dans la boue sur la nationale 4
Le chef de l’Etat pataugeant dans la boue sur la nationale 4

Il fait face à une deuxième promesse non tenue : les emplois. On découvre avec effarement qu’il n’y avait pas de cantonnierssur cet axe routier alors que le passage du Président était annoncé. Dès lors, ce sont les honorables de la République qui l’accompagnent et les prestigieux militaires de la garde présidentielle qui vont devoir barboter dans les flaques d’eau et se vautrer dans le bourbier pour dégager, à mains nues, la bagnole du Raïs.

Le développement promis en 2006 est toujours en attente.

Encore des promesses !

Dans exactement 9 mois, soit le 19 décembre 2016, le président Joseph Kabila aura achevé son second et dernier mandat en qualité de chef de l’Etat élu conformément à la Constitution.
Au-delà de la limite fixée par la Constitution, le chef de l’Etat se trouverait dans l’incapacité juridique de conduire les affaires de l’Etat.

Au lieu de doter la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante) des moyens pour organisé les élections, curieusement, le 22 février 2016 au Palais de la nation, le directeur de cabinet du chef de l’Etat a présenté à la presse un document intitulé « Plan stratégique nationale de développement pour la RDC », qui révèle en fait la stratégie du développement de la RDC que Kabila compte mettre en application d’ici l’horizon 2035.Un petit calcul indique que la prévision est fixée pour 19 ans. Par delà la considération de la valeur de la projection.

Alors je me demande : comment le pouvoir en place s’est montré incapable de préparer, cinq années durant, et doter à la CENI des moyens pour l’organisation des élections ? et  Kabila sera-t-il encore président de la République en 2035 ? Si non, pourquoi s’évertuer de mettre en place des projets de développement dont la mise en application relèvera d’autres dirigeants? Ou Kabila veut s’accrocher jusqu’en 2035 !

Ses erreurs !

« Notre plus grande erreur, c’est que nous n’avions pas trouvé assez de temps pour transformer et former nos propres cadres. On n’a pas besoin d’un millier de personnes pour transformer un pays. Non, on n’a besoin que de 3, 4, 10, 15 personnes avec des convictions, déterminées et résolues. Ai-je ces 15 personnes? Probablement, 5, 6, 7 mais pas encore 15 », s’était désolé Joseph Kabila dans un entretien au journal américain New York Times, publié le 15 avril 2009.
Le président de la République s’était ainsi plaint de n’avoir pas suffisamment de compétences susceptibles de l’aider à transformer en profondeur la République Démocratique du Congo. Depuis ces déclarations, Joseph Kabila ne s’est jamais dédit.

Les députés provinciaux, les gouverneurs et les sénateurs en place depuis 2007, se retrouve à ce jour largement au delà de leurs mandats et bénéficient ainsi d’un bonus cadeau du chef de l’Etat, qui n’a pas hésité lui-même à le déclaré tout haut « qu’ils étaient là par sa volonté » lors de son adresse aux notables du Katanga en janvier 2015.

A son actif, nous pouvons aussi mettre la mise en place précipitée de 21 nouvelles provinces sans ressources ni préparation préalable et la nomination à la tête de ses entités des commissaires spéciaux, le pays se retrouvant ainsi avec deux administrations, cinq provinces dirigées par des gouverneurs au mandat élastique et le 21 autres par des commissaires dont le mandat non précisé.

A la mise en place des nouvelles provinces, les assemblés provinciaux ont étés déchues, curieusement, ces députés provinciaux qui ont été interdit de siéger vont subitement être rappelé le 26 Mars prochain pour élire les gouverneurs et leurs vice pour les 21 nouvelles provinces. La RDC est le seul pays au monde où les cadavres politique sont réveillés pour un vote. A même constaté Mwenze Kongolo ministre de la justice sous le règne Kabila père.

La prise en hottage de la presse nationale,deux portraits gigantesques sur la tour de la Rtnc (Radio Télévision Nationale Congolaise), des programmes de radio et de la télé tout dédiés à sa gloire, des chaînes de télé privées montées à grands coups des millions pour chanter sa louange. La Radio Télévision nationale congolaise évolue pieds et poings liés.

Les coups bas s’accumulent

Érigée en véritable dialogue devant traiter de tous les sujets sans tabou, les Concertations nationales sont jetées dans les oubliettes. Ironie du sort, la Majorité présidentielle,  qui hier était opposée à un dialogue inclusif dans le cadre de l’Accord Addis-Abeba, en devient la défenseure acharnée au point de l’ériger en  passage obligé  pour l’avenir de la RDC. Ce, au grand dam des institutions de la République rendues inopérantes avant la tenue du dialogue.

Les coups bas deviennent monnaie courante. Le député national Charles Mwando Nsimba a été empêché de se rendre dans son fief de Moba au Katanga alors qu’il est en pleine vacances parlementaires. Le jet privé de Moïse Katumbi a été empêché d’atterrir à l’aéroport de la Luano en mi-janvier, sans aucune raison. L’ex-gouverneur du Katanga était obligé de regagner la capitale du cuivre par un vol régulier. Il y a quelque jours alors qu’il devait se rendre dans son village, l’ANR (Agence National de Renseignent) aurait tenté de l’empêché de prendre son avion pour s’y rendre, très agacé par la situation, le dernier gouverneur de l’ex-Katanga s’est interroger de savoir où était l’Etat de droit dont nous parle le pouvoir, si quelqu’un peut être empêché de se rendre dans son village sans raison.

Le dédoublement de parti politique, depuis le retrait  de la majorité présidentielle des partis politiques du G7 et leur ralliement à l’opposition, la situation est restée confuse des hauts cadres de ces partis restés fidèles à la majorité présidentielle, continuent à revendiquer leur appartenance ainsi que celle des partis politiques concernés à la famille politique du président de la république.

L’erreur du chef de l’Etat c’est de ne pas avoir sanctionné tous ces mauvais agissements de sa famille politique, en dépit de maigres résultats dans ses différentes stratégies.

A cause de toutes les fautes  de la Majorité présidentielle, le chef de l’Etat hérite d’un pays sur pied de guerre. Tous ceux qui n’acceptent pas le dialogue sont taxés de  comploteurs contre la République.La Majorité présidentielle promet même que s’il n’y a pas le dialogue, ça serait le chaos.

Au vu de la situation calamiteuse dans laquelle se trouve la RDC, il y a lieu de conclure que le chef de l’Etat n’est jamais parvenu à trouver des collaborateurs suffisamment outillés qu’il cherche depuis 2009 et qui auraient pu lui dispenser d’un si sombre tableau.

À son avènement, Joseph Kabila était pourtant porteur de l’espoir d’un renouveau comme ses débuts l’avaient laissé entrevoir et j’étais de ceux qui avaient cru en lui. J’aimerais tellement  encore croire en son action mais en quinze ans de pouvoir Joseph Kabila n’a pu se trouver un successeur, ne dit-on pas qu’un succès sans successeur est un échec ?

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